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Des paniers de légumes livrés chaque semaine

Malgré les embûches liées à l’accès au foncier et au site classé, Clément et Tiffany Bénil ont créé leur exploitation maraîchère dans la plaine de Versailles.

Passion et patience se mêlent dans le parcours de Clément et Tiffany Bénil, installés en maraîchage diversifié dans la plaine de Versailles, dans les Yvelines.

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Après un BTS en productions animales à Chaumont (Haute-Marne), Clément Bénil, aujourd’hui 35 ans, enchaîne avec dix ans de travail saisonnier à travers la France sur toutes les productions. Dix ans pendant lesquels il peaufine son projet d’installation qu’il envisage autour de quatre volets : monter une structure maraîchère, créer de l’emploi, distribuer localement et utiliser au maximum la traction animale.

« Même si pour l’instant, ce dernier volet est en pause. J’ai un attrait pour le cheval que je trouve intéressant à manipuler et très efficace, précise Clément, qui a suivi une formation pour devenir cocher professionnel. J’ai fait plusieurs stages dont le dernier à Bailly dans les Yvelines aux Calèches de Versailles. » Habitant en Île-de-France, Clément décide, en 2015 et 2016, de faire le tour des mairies pour parler de son projet d’installation et de sa recherche de foncier. À partir de là, « tout s’aligne ».

Laurence Morelle Losson, à l’époque conseillère municipale à Villepreux et aujourd’hui première adjointe en charge de l’agriculture, est emballée par ce projet qui résonne avec son objectif de soutenir et favoriser les circuits courts et le bio sur cette commune de 12 000 habitants. Pour développer les ventes d’œufs d’une avicultrice déjà installée et appuyer le projet de Clément, l’élue crée une Amap (1) 100 % Villepreux en 2016. Quatre-vingts familles répondent présentes.

Six serres, d’une surface totale de 2 300 m², assure une production tout au long de l’année. (©  Florence Melix)

Débouché local

« Quand du foncier se libère en 2017 à Villepreux, j’ai postulé auprès de la Safer, se souvient Clément. Ma candidature de maraîchage bio soutenue par ma petite réserve financière de 10 000 € et l’assurance d’un débouché local, a convaincu la commission. » Il bénéficie également de l’appui technique de son père, chef de culture retraité en Seine-et-Marne. Au début de 2018, il s’installe sur cinq hectares et livre son premier panier de légumes en juillet de la même année.

Pour répondre à la demande en hausse, il acquiert 5 ha supplémentaires en 2019. Il s’épanouit dans la production « hypercomplexe mais passionnante » d’une soixantaine de légumes qu’il récolte le matin pour livrer les Amap locales en fin d’après-midi. Il y a 52 semaines de distribution par an, avec un panier unique de 9 à 13 espèces, à 26 € par panier.

En 2025, trois nouvelles Amap voisines s’ajoutent aux trois déjà fournies. Les maraîchers font preuve de beaucoup de pédagogie auprès de leurs clients, notamment sur le mode de consommation des légumes. (©  Tiffany Bénil)

Difficile de recruter

En parallèle, Tiffany, sa conjointe, alors auxiliaire spécialisée vétérinaire à Villepreux, se pose des questions sur son métier tout en appréciant donner un coup de main à Clément. En 2020, elle démissionne et devient salariée sur l’exploitation. Son attrait pour les animaux et plusieurs stages la conduisent à développer un projet de poules pondeuses et de poulets de chair de plein air. La naissance de leurs jumeaux en 2021 met en pause ce projet.

D’autant que le couple fait face à des problèmes de recrutement. « C’est vraiment la grosse claque que je me suis prise en m’installant, regrette Clément. Nous avons actuellement un salarié à temps plein, ainsi qu’un jeune retraité, client de l’Amap, en soutien deux jours par semaine, et des saisonniers de mars à novembre, mais nous recherchons un autre salarié à temps plein. »

Les conditions de travail à l’extérieur sont difficiles. La construction d’un bâtiment prévue en 2025 apportera du confort et doit permettre de « fidéliser les salariés ». Une longère en bois accueillera la station de lavage des légumes, l’atelier de conditionnement, le stockage des légumes de garde et du matériel, mais aussi des sanitaires, un espace d’accueil pour les salariés et un bureau. Le bâtiment intégrera aussi le logement de la famille.

Mais les délais, très longs pour obtenir les permis de construire, sont l’autre déconvenue de Clément. « L’exploitation est située en zone classée, Plaine de Versailles, explique-t-il. Il nous a fallu un an pour obtenir le permis de construire des serres et quatre ans pour celui du bâtiment ! » Et entre le projet et la réalisation, le coût a fortement augmenté. Pour rentabiliser l’investissement, le couple projette de passer de 170 paniers hebdomadaires, via trois Amap, à 200 en 2025 grâce à d’autres Amap voisines. « Dans quatre ans, soit dix ans après mon installation, nous devrions atteindre notre rythme de croisière », sourit Clément.

(1) Association pour le maintien de l’agriculture paysanne.

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